L'IMSP, vivier d'excellence à Dangbo : aider les étudiants à réaliser leur rêve
Le Dr Carlos Ogouyandjou vient de prendre la direction de l'Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques (IMSP) dont le campus se situe à Dangbo. Cet établissement forme des centaines d'étudiants béninois mais aussi d'autres pays africains.
Avec le Dr Ogouyandjou, nous découvrirons la vision fondatrice et les missions de cette institution. Il nous parlera des différentes filières proposées. Les partenariats internationaux de l'IMSP offrent aux meilleurs élèves des débouchés souvent prestigieux.
Mais l'IMSP est plus qu'un vivier d'excellence scientifique. C'est aussi une école de discipline, de dépassement de soi, mais aussi de réflexion sur les grands enjeux du futur. Le professeur Clément Bah, chargé de l'enseignement Français Philosophique pour les classes préparatoires de l'IMSP, nous rappellera l'adage «Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. »
Enfin, les témoignages de quatre étudiants nous montreront que l'IMSP est un lieu où de jeunes adultes peuvent commencer à réaliser leurs rêves et à mettre leurs compétences au service du développement de leurs nations.
Entretien avec le Professeur Carlos Ogouyandjou
Dr Carlos Ogouyandjou, vous venez d’être nommé directeur de l’IMSP, une institution de formation scientifique très respectée au Bénin et en Afrique. Quel a été votre parcours académique ?
J’ai intégré l’IMSP en octobre 1994 en tant qu’étudiant en DEA, puis en octobre 2001 en tant qu’enseignant-chercheur.
Ancien étudiant de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université d’Abomey-Calavi, j’ai obtenu un doctorat en 2000 après des travaux de recherche en géométrie différentielle à l’Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques (IMSP) de Porto-Novo. J’avais aussi effectué un séjour de recherche de 24 mois à la Rurh-Universität de Bochum en Allemagne.
Inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de Maître Assistant du CAMES en 2005 et celle de Maître de Conférences (CAMES) en 2015, j’ai une expérience tant dans le domaine de l’enseignement et de la recherche scientifique que dans l’administration.
J’ai été inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de professeur titulaire en juillet (octobre 2021).
Voilà résumé mon parcours académique.
Comment êtes-vous passé de ce poste d’enseignant-chercheur à votre statut actuel de directeur de l’IMSP ?
Mes expériences fondamentales acquises à l’IMSP m’ont donné un profil particulier.
De 2009 à 2015, j’ai été chef du Service de la Documentation et de la Promotion des Activités Scientifiques de l’IMSP/UAC. J’avais alors à gérer la politique de documentation scientifique de l’Institut. J’ai également assuré les tâches liées à l’organisation du Championnat National de Mathématiques et de Sciences Physiques, championnat organisé à l’intention des élèves des classes de troisième des lycées et collèges (publics et privés) de la république du Bénin. Afin de mettre plus l’accent sur la participation des filles, depuis 2008, le championnat est doublé du Concours Miss mathématiques Physique-Chimie (Miss-MPC). Ce concours concerne les filles des classes de quatrième de nos lycées et collèges. J’ai donc une passion pour l’enseignement général des mathématiques et pour une réelle égalité des chances de tous les apprenants béninois.
De façon plus immédiate, j’étais déjà directeur-adjoint de l’IMSP depuis janvier 2016. J’étais chargé d’aider le Directeur dans les tâches liées à sa fonction et de la coordination des activités académiques de l’IMSP.
En tant que responsable de la Filière « Probabilité-Statistique » et des classes préparatoires de l’IMSP/UAC (depuis mars 2016), j’étais responsable de la structuration des enseignements, du déroulement et du suivi des activités pédagogiques, de la gestion de la recherche et de l’organisation des évaluations.
Ce parcours vous a donné une compréhension globale de l’institut ?
Certes. Je suis d’abord un enseignant-chercheur, mais avec une longue expérience des réalités, des enjeux, et des défis d’une institution qui compte pour notre pays.
La gestion universitaire m’a très vite absorbé : quotidiennement, j’ai été amené à écouter tous les acteurs de la vie académique de l’institut, à confronter mes idées aux leurs, à créer un sentiment d’appartenance chez nos enseignants et nos étudiants, à interagir avec des instances universitaires variées, à rechercher constamment des consensus et à innover pour faire évoluer les choses.
Voilà pourquoi j’ai postulé en avril 2021 au poste de Direction de l’IMSP.
Ainsi, après une sélection par le Conseil d’Administration de l’UAC et le Conseil National de l’Education qui a pris en compte non seulement les compétences techniques et scientifiques mais aussi la moralité des candidats, le Conseil des Ministres du 13 octobre 2021 m’a nommé au poste de Directeur de l’IMSP.
Parlons de l’IMSP. Quelle fut sa genèse, quelles sont ses missions ?
Créé en 1988, notre institut est un centre de formation et de recherche en mathématiques, en sciences physiques et en informatique. Les différentes personnalités qui en ont eu la charge ont su l’adapter au paysage toujours en mouvement de l’enseignement supérieur béninois et ouest-africain pour en faire aujourd’hui cet outil efficace et renommé de formation et de recherche.
L’IMSP est situé à Dangbo, l’une des neuf communes de la vallée de l’Ouémé. Porto-Novo, notre capitale politique est à 16 km. Nous étions d’abord logés à Porto Novo. Mais à la faveur du financement de la Banque Arabe pour le Développement Economique de l’Afrique (BADEA), précisément le 8 avril 2008, les travaux de construction de l’IMSP ont été lancés par l’ancien Président de la République Boni Yayi. Ce nouveau site a commencé à accueillir les étudiants en 2014.
C’est un Institut à vocation régionale, intégré à l’Université d’Abomey-Calavi. Il est né d’une volonté politique de feu le Professeur Abdus Salam, Prix Nobel de physique, ancien Directeur de l’International Centre for Theoretical Physics (ICTP) de Trieste en Italie. L’IMSP est d’ailleurs un centre affilié de ce qui est devenu the Abdus Salam ICTP.
L’IMSP a été élevé depuis 1994 au rang de Centre d’Excellence par l’Union Mathématique Africaine (UMA). Il est membre du Réseau des Sciences Mathématiques pour l’Afrique et du Réseau Africain des Institutions Scientifiques et Technologiques (RAIST). Le corps enseignant est composé d’enseignants permanents de l’Université d’Abomey-Calavi, de collaborateurs extérieurs, professeurs aux départements de mathématiques et de physiques de la Faculté des Sciences et Techniques et de collaborateurs extérieurs provenant des universités africaines, européennes et américaines. L’excellence qui a toujours caractérisé l’IMSP lui a valu le bénéfice du Projet Centre d’Excellence Africain en Sciences Mathématiques et Applications (CEA-SMA) financé par la Banque Mondiale et mis en œuvre depuis le 19 décembre 2014.
Quelles filières proposez-vous ?
L’IMSP offre des formations en Master et Doctorat dans les filières Statistique-Probabilité, Recherche opérationnelle, Technologie de l’Information et de la Communication (TIC), Mathématiques fondamentales et applications, Didactique des Sciences et des Technologies, Data science.
En outre, dans l’optique d’une préparation d’excellence des meilleurs bacheliers des séries scientifiques aux concours d’entrée dans les grandes écoles Universitaires, l’IMSP propose les Classes Préparatoires en Sciences et Techniques dans les options MP-SI (Mathématiques, Physique-Sciences de l’Ingénieur), PC-SI (Physique, Chimie-Sciences de l’Ingénieur) et l’Informatique.
Quels sont les principaux défis de l’IMSP pour figurer parmi l’élite de l’enseignement scientifique en Afrique de l’Ouest ?
J’identifie deux défis majeurs. Au plan intérieur, le niveau de formation et de recherche doit rester élevé. S’agissant des relations extérieures, nous devons d’une part assurer la présence d’étudiants venant de l’étranger, et d’autre part maintenir la collaboration régionale et internationale.
Votre mandat de directeur de l’IMSP commence. Quelles sont vos priorités pour cet établissement ? Quelle sera l’orientation donnée au corps enseignant, au personnel administratif, aux étudiants ?
Je continuerai à mettre mes compétences et mon énergie au service de l’IMSP, avec l’ambition d’en faire un des leaders de la formation et de la recherche en sciences, technologies et mathématiques. L’IMSP est un magnifique outil au service du développement durable du Bénin et de la sous-région.
La problématique actuelle de l’IMSP est de consolider sa place et de définir les lignes directrices de son avenir à moyen et long terme tout en gardant sa spécificité et sa qualité. Mon projet de gouvernance est cette logique : Formaliser & Appliquer, Moderniser pour Rayonner.
Je suis un chercheur. La recherche scientifique est capitale pour développer un pays. Nous entendons donner une vraie gouvernance scientifique en consolidant la recherche. Les laboratoires de recherche joueront un rôle de coordination des initiatives et des actions.
Mais je suis aussi un homme de terrain, rompu à la gestion et à l’administration. Diriger une entité comme l’IMSP requiert une capacité à gérer l’administration et les budgets avec rigueur et doigté, mais aussi une aptitude à innover et à penser autrement afin d’optimiser les ressources. Moderniser l’administration est capital pour se conformer à la rigueur imposée par la gestion axée sur les résultats.
L’IMSP est située sur une commune très rurale. Le campus est assez éloigné de la vie urbaine et universitaire. Pourquoi ce choix ? Quels défis cela représente, pour les étudiants et les enseignants ?
La situation géographique de l’IMSP représente un avantage pour les étudiants. Le calme et la quiétude de la vallée de l’Ouémé sont un bon environnement pour pouvoir étudier.
Le logement des étudiants reste quasiment le seul défi de l’heure. Ils sont obligés de louer à proximité du campus ou bien de venir depuis Porto-Novo. Cette situation est sur le point d’être corrigée. Bientôt, le premier lot des résidences en cours de construction par la Banque Arabe pour le Développement Economique de l’Afrique (BADEA) sera achevé. Des logements seront attribués aux étudiants, ainsi qu’aux enseignants qui viennent en mission et que nous logeons au Centre Songhaï à Porto-Novo.
L’IMSP prépare certains étudiants à de prestigieuses écoles d’ingénieur en Afrique et aussi en France. Parlons de vos partenariats.
Nous sommes partenaires de plusieurs établissements importants, et notamment de l’ Université Paris Saclay de France, classée 13e au plan mondial et de la prestigieuse Ecole Polytechnique de Palaiseau (l’X). Nous avons aussi des liens avec Paris VI (Jussieu), avec Université du Littoral Côte d’Opale de Dunkerque, avec l’École Centrale de Casablanca et avec l’Université de Vitoria au Brésil.
Enfin, nous sommes liés avec Euro graduation Access qui organise un concours commun pour 8 grandes écoles d’ingénieurs françaises (www.euro-graduation-access.org).
Ces partenariats permettent à nos étudiants de participer aux concours de sélection pour intégrer ces différents établissements.
Comment voyez-vous le rôle de l’IMSP dans la stratégie nationale de l’enseignement scientifique supérieur au Bénin ? Quels sont vos liens avec le CEASMA ?
Le CEA-SMA (2014-2019) est un projet de l’IMSP financé par la Banque mondiale. Il est actuellement dans sa seconde phase avec l’appellation CEA-SMIA (Centre d’Excellence d’Afrique en Sciences Mathématiques, Informatique et Applications). Le nouveau projet est cofinancé par la Banque mondiale et l’AFD pour une durée de quatre ans (2020-2024).
Avant l’avènement du Projet CEA-SMA (2014-2019), l’Institut avait des ambitions, des projets, et des activités menés à une échelle beaucoup plus réduite sur le plan régional avec les pays voisins et environ une dizaine de mobilités par an. Avec le projet CEA-SMA, nous menons aujourd’hui des activités au plan continental et international avec une mobilité d’environ 50 à 80 enseignants-chercheurs par an. Quant aux effectifs, l’Institut est passé de 80 étudiants provenant de cinq pays africains à environ 600 étudiants en 2019 provenant de 18 pays africains notamment le Burundi, le Rwanda, le Togo, le Mali, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Nigéria, le Madagascar, le Ghana, le Niger, le Tchad etc.
Fondamentalement, le projet a d’abord réglé le problème des moyens. Quand on a de l’ambition et une vision mais peu de moyens pour les mettre en œuvre, naturellement tout reste à échelle réduite. Mais le projet CEA-SMA nous donne les moyens de déployer nos activités sur les plans national, régional et international de façon plus effective et à une échelle bien plus grande.
Grâce au projet CEA-SMA, l’environnement de l’Institut a beaucoup changé avec l’apport d’infrastructures et de technologies modernes.
Avec ce projet, la fibre optique est déjà disponible à l’Institut et nous sommes en train de la redéployer dans les salles d’activités pédagogiques et les laboratoires. Nous avons un centre de calcul de haute performance, une bibliothèque numérique de 500 ouvrages à l’échelle internationale, et deux salles de vidéo-conférence qui permettent à des professeurs associés à l’IMSP de donner des cours, dispenser des enseignements ou faire des conférences depuis leurs universités aux étudiants de l’Institut. Également une centaine de bourses d’étude est attribuée aux étudiants de l’IMSP chaque année par le CEA−SMA.
S’agissant des ressources humaines et des universités de la sous-région, l’IMSP a formé de nombreux docteurs. Ils assurent une relève efficace dans leurs pays. L’IMSP contribue donc beaucoup au renouvellement des enseignants du supérieur dans les pays africains qui y sont représentés. Le projet CEA-SMA permet d’assurer la relève, mais surtout une relève de grande qualité. Cette qualité s’accroît avec le nouveau projet CEA-SMIA dont l’une des particularités est l’impact institutionnel et l’impact sur le développement du Bénin et de la sous-région.
Parmi vos étudiants, les jeunes femmes sont assez nombreuses. Quels défis rencontrent-elles pour suivre des filières scientifiques d’excellence ?
Ces défis sont essentiellement liés à l’approche genre et à nos cultures. D’autre part, parmi les indicateurs du CEA-SMIA, il y a celui lié au genre (30 % de filles dans nos filières). Une conséquence de cette approche est une augmentation des pourcentages de femmes ayant soutenu leur Master et leur Doctorat à l’IMSP.
Comment voyez-vous votre rôle dans la commune de Dangbo ? Comment voyez-vous la coopération entre les autorités de la commune, la population et l’IMSP ?
Il est nécessaire qu’il y ait plus de collaboration et de coopération avec les autorités municipales.
Il est prévu d’organiser en 2022 une réunion avec L’Association nationale des communes du Bénin (ANCB) pour mener des actions dans le sens de contribuer à la résolution de certains problèmes des communes du Bénin et en particulier ceux de la commune abritant l’IMSP.
Former les futures élites scientifiques au Vivre Ensemble, par Clément Bah
Le professeur Clément Bah, Enseignant-Chercheur ENS-UAC Bénin, est un des plus brillants intellectuels béninois. Il a la redoutable responsabilité d'enseigner le Français Philosophique aux classes préparatoires de l'IMSP. Il nous fait découvrir les enjeux de sa discipline.
Les étudiants du cycle préparatoire de l’IMSP, en dehors des unités d’enseignement scientifiques classiques, reçoivent un cours de français-philosophie qui leur permet de revisiter les valeurs morales et éthiques universelles qui ont pour vocation de régir les liens entre les hommes vivant en société. Pourquoi ce choix ? S’agit-il d’un enseignement purement littéraire, et sinon, quels sont les objectifs de ce cours ?
A l’évidence, tous les centres de formation doivent incorporer dans l’ensemble de leurs activités les valeurs qui inspirent le respect de la dignité de la personne humaine, en somme les valeurs sociales et de solidarité. L’IMSP s’inscrit dans cette logique qui sous-tend le « vivre-ensemble » dans nos sociétés. Le cours intitulé « FRANÇAIS-PHILO / PREPA » entend donc promouvoir chez l’étudiant en année préparatoire un développement aussi complet que possible. Cela passe par l’acquisition d’attitudes et de compétences dans le champ de la culture générale mais aussi de thématiques spécifiques.
Le cours prépare nos étudiants à une approche rigoureuse dans la position des problèmes et dans l’argumentation. Cela facilite la mise en œuvre d’une démarche épistémologique visant à établir un lien entre la réflexion sur les concepts de valeur, les comportements moraux, éthiques et déontologique exigibles en contextes professionnel et social.
Mais alors, pourquoi choisir un thème différent chaque année, et dans que but ?
La thématique choisie chaque année permet une analyse soutenue et des échanges enrichissants à partir d’expériences vécues au quotidien par les étudiants dans leur ensemble. Nous avons exploré tour à tour les thématiques suivantes : l’aventure (2018), l’amour (2019), la démocratie (2020), la force de vivre (2021), l’enfance (2022). Cela a permis d’ouvrir des horizons conceptuels sur les réalités humaines selon les contextes socio-culturels, économiques, politiques, religieux et métaphysiques divers qui fondent notre humanité.
Avec ces études thématiques, il s’agit pour l’essentiel de répondre en somme à la question existentielle : qu’est-ce que l’homme ? En situant l’être humain dans sa dimension relationnelle, on peut mieux comprendre par exemple ce qui fonde son aspiration légitime à la paix, au bonheur et au mieux-être. En portant la réflexion sur l’amour, on se rend compte que l’homme ne peut exister sans une vocation à l’amour pour soi et pour autrui. L’ambition ici affichée est de préparer convenablement les étudiants de l’IMSP au « vivre-ensemble ».
Témoignages de Quatre Etudiants.
Dans le cadre de notre dossier sur l'IMSP, nous avons pu recueillir les témoignages de quatre étudiants, deux jeunes femmes et deux jeunes hommes, deux Béninois et deux personnes d'Afrique Centrale. Derrière des milieux et des parcours fort différents, on retrouve une même thématique : la quête de l'excellence.
Aller au bout de tous ses rêves par Diane Arlette ATINSOUNON
Je m’appelle Diane Arlette ATINSOUNON. Je suis née le 11 Novembre 1993 à Cotonou. Mon père Dénis ATINSOUNON est maître maçon, ma mère Blanche BIWINTON est revendeuse.
Dès le bas âge, j’ai toujours rêvé de devenir professeur de Mathématiques à l’université. Mais est-ce que la vie est un rêve ? Après l’obtention de mon Baccalauréat en 2013, j’ai connu trois années sans étudier. J’étais inscrite à la Faculté des Sciences et Techniques (FAST) de l’Université d’Abomey-Calavi pour l’année académique 2013-2014. Les grèves dures sur le campus m’ont fait échouer. Idem, l’année suivante. Ayant entendu parler de l’IMSP en 2015, j’ai déposé mon dossier. Avec ma moyenne passable au bac, puis deux années d’inactivité, mon dossier a été rejeté.
Que faire ? Avec l’aide de Dieu, et portée par un rêve que rien ne décourage, j’ai encore déposé le dossier en 2016. La troisième tentative fut la bonne, grâce à la générosité de l’actuel Directeur Général, le Professeur Carlos OGOUYANDJOU. Il était alors le Directeur Adjoint et je le remercie sincèrement.
Quel impératif majeur me poussait à intégrer cette université ? Mon rêve d’enfant, tout simplement. D’accord, mais maintenant ? J’ai un grand défi à relever : réussir brillamment afin de bénéficier d’une bourse d’étude pour le Master après la Licence. Tout d’abord, je remercie mon Dieu pour sa grâce dans ma vie car malgré trois années perdues à la maison, j’ai pu réussir la première année avec 14,10 de moyenne. Rien ne fut facile pour moi. Au début je voyais l’écart de niveau entre ceux de ma promotion et moi. Je le vivais mal, mais chacun a sa propre histoire, je l’ai vite compris.
Quelle est mon expérience à l’IMSP ? Cette école m’a formée. J’y ai appris à avoir plus de courage dans ma vie. Certains moments furent très difficiles mais avec le courage et la détermination on y arrive. Savez-vous ce que disait Walt Disney ? « Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite réveillez-vous calmement et allez d’un trait jusqu’au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager ». Je me souviens du moment où je devrais reprendre la troisième année à cause de trois matières. Je me sentais honteuse et pleurais énormément d’avoir gaspillé l’argent que mon pauvre père dépensait pour moi. Mais la réaction de mon père m’a émerveillée : il m’a remonté le moral et m’a beaucoup encouragée. Je m’en souviendrai toujours : Papa priant pour moi, pour que le Seigneur m’aide à aller le plus loin possible, même voyager. Je salue aussi ma mère pour ses conseils et ses prières en ma faveur. C’est une femme battante.
En 2020, j’ai reçu la bourse CEA-SMIA pour ma première année de Master en Statistique-Probabilité, et de nouveau en 2021. Le 04 Septembre 2021, le Seigneur m’a accordé la grâce d’épouser mon bien-aimé Placide DEGBOTO, également étudiant à l’IMSP, il vient de soutenir le Master en Statistique-Probabilité. Y a-t-il une citation pour un tel bonheur ?
Quand le rêve est vécu collectivement, par Renaud Koukoui